Le ministère de la Justice de Bahreïn a émis de nouvelles réglementations considérées comme discriminatoires envers les femmes bahreïniennes qui empêchent ces dernières de se rendre au Hajj sans tuteur si elles ont moins de 45 ans. Le Centre Bahreïnite pour les Droits de l’Homme (BCHR) est alarmé par ces nouvelles réglementations en violation flagrante des droits de la femme.
Le ministère de la Justice, des Habous et des Affaires islamiques de Bahreïn a émis un ensemble de nouvelles réglementations pour les pèlerins ayant l’intention de se rendre au Hajj. Selon ces nouvelles réglementations, les pèlerins de sexe féminin de moins de 45 ans sont désormais obligées d’être accompagnées par un tuteur, un proche parent masculin comme un père, un frère ou un fils si elles voyagent à la Mecque.
Ces nouvelles réglementations constituent une violation de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) par laquelle des états signataires comme le Bahreïn se sont engagés à prendre et à mettre en œuvre des mesures pour cesser tous les types de discrimination contre les femmes. Est défini comme discrimination « toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ».
En vertu de cette nouvelle réglementation, les femmes bahreïniennes vont être de plus en plus privées de leurs droits de décision et de libre circulation depuis que le choix de se rendre au Hajj n’appartient plus aux femmes elles-mêmes mais à leurs proches masculins. De plus, les nouvelles règles imposent une autre barrière et discrimination en restreignant les femmes de leur liberté religieuse. Les femmes de ce groupe d’âge sont maintenant entièrement dépendantes de l’emploi du temps de leurs maris ou de leurs pères et de leur disponibilité voire totalement empêchées de visiter le lieu de culte le plus sacré de l’Islam dans le cas où leurs proches masculins de sont pas capable ou ne veulent pas les accompagner.
Ceci enfreint l’Article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) qui déclare que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». Est aussi enfreint l’Article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), garantissant le droit à la liberté de religion, affirmant que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement ».
Les nouvelles exigences pour se rendre au Hajj rabaissent les femmes à des citoyens de seconde classe, avec moins de libertés que les hommes, malgré les dispositions internationales et constitutionnelles pour la liberté de culte tout comme l’égalité et l’émancipation féminine qui ont aussi été reconnues officiellement par le gouvernement de Bahreïn. En annonçant les nouvelles réglementations de voyage et en ciblant les femmes, le gouvernement bahreïnien a démontré une fois encore que ses actes manquent aux engagements nécessaires et aux efforts pour assurer les droits de ses citoyens.
Compte tenu de ce qui a été mentionné, le Centre Bahreïnite pour les Droits de l’Homme condamne toute forme de paternalisme et de discrimination envers la femme ainsi que les restrictions des droits religieux fondamentaux et appelle donc le gouvernement de Bahreïn à :
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Suivre les recommandations du Comité de la CEDAW et modifier et abroger toute législation discriminatoire concernant les femmes et introduire un processus de réforme ;
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Annuler et rejeter les réglementations respectives et permettre à tous les citoyens bahreïniens, femmes et hommes, d’exercer leur droit fondamental à la liberté de religion ; et
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Reprendre et mettre en œuvre des mesures qui garantissent la conformité des engagements de Bahreïn envers les traités internationaux tels que le PIDCP et la CEDAW.